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Paris : Des frelons asiatiques aperçus dans la capitale, faut-il s’inquiéter ?

Des frelons qui se lancent contre les vitres, comme s’ils voulaient forcer le passage et entrer dans l’appartement. Au début du mois de septembre, cette Parisienne, qui vit aux abords du parc Martin-Luther-King dans le 17e arrondissement, a commencé à en voir de plus en plus devant son appartement et, au fil des jours, ils sont devenus plus agressifs.

« Ça cognait non-stop aux fenêtres », raconte Laëtitia. Au point que certains ont pu profiter d’une petite seconde d’ouverture pour entrer. « Quand ça rentre, c’est à une vitesse folle. On aurait dit un fauve qui se jette sur sa proie. » Le harcèlement qui a duré plusieurs jours a été si effrayant que toute la famille, dont des enfants en bas âge, est allée se loger à l’hôtel pendant deux semaines. Comme elle, d’autres voisins de l’immeuble ont fait état de cette présence de frelons et de l’agressivité qu’ils montraient.

paris frelons asiatiques

Pour s’en débarrasser, Laëtitia contacte d’abord son bailleur, qui mandate deux entreprises, et elle en contacte une troisième de son côté. La conclusion est unanime, il s’agit bien de frelons asiatiques et ils ne nichent pas sur la façade de l’immeuble. Un appel à la mairie du 17e arrondissement la met en relation avec le service des espaces verts, chargé de gérer ces problématiques. Un agent se rend chez la plaignante, à sa demande, et ne peut alors qu’attester ses dires devant le corps d’un frelon mort.

Il devrait se faire discret avec l’hiver

Les regards se tournent alors vers le parc, une première recherche a été faite et un nid a été trouvé et détruit. Mais selon Laëtitia, les frelons ont continué à se montrer autour du parc. Après avoir contacté plusieurs membres de l’équipe municipale, la riveraine a reçu un courrier électronique d’Aurélie Assouline, adjointe au maire du 17e en charge notamment des espaces verts et de la biodiversité qui lui répond qu’« une demande urgente de recherche et de traitement est partie aux services en indication avec les lieux ». Malheureusement pour elle, le vœu déposé par l’adjointe lors du conseil d’arrondissement du 27 septembre dernier a été retiré par le maire « le sujet étant réglé et traité » par les services des espaces verts.

Si les riverains craignent pour les enfants, très présents dans le parc avec de nombreuses sorties scolaires, et autour avec des crèches et une école maternelle, ils peuvent déjà se rassurer. Les commerçants alentour, contactés par 20 Minutes, disent n’avoir pas remarqué la présence du frelon asiatique ces derniers jours, et avec les températures qui baissent, il devrait se faire très discret dans les semaines à venir.

La mauvaise réputation

Surtout, le frelon asiatique souffre d’une image de dangerosité et d’agressivité un peu gonflée, depuis son arrivée en France en 2004. « Il fait deux fois la taille d’une guêpe certes, mais c’est un des plus petits frelons qui existent, il est plus petit que le frelon européen », clame Quentin Rome, spécialiste du frelon asiatique au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Selon cet expert, beaucoup de préjugés sur l’insecte sont faux. « Son nom « asiatique » fait peur parce que c’est exotique donc on pense qu’il est plus dangereux. » Il ajoute que la piqûre du frelon asiatique n’est pas plus mortelle que celle d’une guêpe : « Une piqûre n’est pas dangereuse, sauf pour les personnes allergiques bien entendu mais comme les autres piqûres. » De la même manière, il rappelle que ce frelon n’est pas le plus hargneux des insectes volants. Avant lui, il cite au moins l’abeille domestique et deux espèces de guêpes comme plus agressives.

Mais alors, pourquoi une agressivité visible comme en témoignent Laëtitia et ses voisins ? « Peut-être que l’appartement est à proximité d’un chemin qu’ils sont habitués à prendre. Et la présence de fenêtres peut leur faire croire à un raccourci. » Selon le spécialiste, il est possible aussi que la destruction de leur nid soit la cause de cette nervosité. Les frelons qui sont sortis n’ont alors plus d’abri, paniquent et peuvent dans ce cas devenir agressifs : « Ce sont les cas les plus fréquents d’attaque. »

Si le frelon asiatique fait peur, c’est notamment dû à son expansion fulgurante depuis son arrivée. En dix ans, il a colonisé la quasi-intégralité du territoire français. Franck Courchamp directeur de recherche à l’Université Paris-Saclay, et spécialiste des invasions biologiques, explique les raisons de cette expansion : « Le frelon asiatique n’a pas de prédateur naturel qui permet de réguler sa population. De plus, il trouve ici beaucoup de ressources pour vivre et se reproduire. » Et s’il trouve tout ce qu’il lui faut, c’est particulièrement le cas en ville, comme à Paris, où les déchets et autres pique-niques lui offrent un large éventail de choix. Pour Franck Courchamp, la ville offre aussi un très grand choix de lieux pour créer des nids. Quentin Rome abonde en ce sens, puisque les villes comportent les éléments favoris des frelons asiatiques pour la nidification : « Il aime les arbres isolés et les falaises pour faire sont nids. Choses que lui offrent un parc et des immeubles. »

Le frelon asiatique est aussi l’ennemi des apiculteurs puisqu’il se nourrit aussi de pollinisateurs et donc d’abeilles domestiques, qui ne sachant pas se défendre face à ce prédateur, stressent et finissent par ne plus sortir, laissant ainsi péricliter la ruche. Une situation qui n’améliore pas son image.

Une espèce impossible à éradiquer

Quentin Rome conseille tout de même de détruire « entièrement » un nid lorsqu’il est à hauteur d’homme, pour justement éviter qu’il soit abîmé et de provoquer les attaques sur les hommes. En revanche, pour les nids qui se trouvent en haut des arbres, il conseille plutôt de les laisser tranquilles plutôt que de tenter quelque chose qui risquerait de déclencher la colère des petites bêtes. De la même manière, individuellement, il faut éviter les gestes brusques à l’approche d’un frelon pour éviter de le faire se sentir en danger. Mieux vaut apprendre à vivre avec lui pour le moment, parce que les deux scientifiques s’accordent sur la quasi-impossibilité de l’éradiquer complètement comme l’explique Franck Courchamp : « A moins de trouver une technique révolutionnaire par un moyen génétique autodisséminant, on ne peut que lutter pour éviter qu’il aille plus loin et que sa densité de présence ne monte trop haut. Je ne vois pas comment supprimer une espèce qui a conquis la France en dix ans à partir d’une seule femelle. On peut éliminer 99,99999 % de la population, sa propagation pourrait quand même repartir. »

Pour aider la lutte contre son expansion, il est utile d’apprendre à le reconnaître – il ressemble à une grosse guêpe, majoritairement noir, avec un anneau orange sur l’abdomen, un visage orange et l’extrémité des pattes jaune – et de le signaler sur le portail du Muséum national d’Histoire naturelle.

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